Comment aborder l’adaptation du troupeau laitier à un système d’alimentation autonome et économe basé sur l’herbe pâturée ?
Cette question mérite le même niveau d’engagement de l’éleveur et la mise en place de techniques de pâturage de précision.
Cette transformation sera longue vu que comme toute orientation génétique, elle nécessite une vision précise du type de troupeau que l’éleveur désire obtenir.
Les éleveurs des pays où se pratique une alimentation herbagère (Nouvelle-Zélande et Royaume Uni) ont rapidement adaptés la structure du troupeau laitier et profitent aujourd’hui d’une expertise génétique qui leur permet de travailler avec des animaux dotés d’une grande efficience.
En France, le cheptel de départ vers une évolution visant un troupeau herbager, a régulièrement comme base la Holstein européenne. On trouve aussi des troupeaux dit mixtes par des races Montbéliarde, Normande, et parfois des troupeaux de Jersiaises.
Ce premier article fera un état des croisements laitiers utilisés en Nouvelle-Zélande.
Il fera aussi une photographie du cheptel laitier Néo-Zélandais et abordera l’outil effet d’hétérosis que les éleveurs utilisent pour accroître la rentabilité du troupeau.
Un deuxième article proposera des cas concrets de plans d’accouplement visant à obtenir un troupeau rentable pour un système d’alimentation basé sur l’herbe.
Les éleveurs pâturants de Nouvelle-Zélande et du Royaume Uni ont fait le choix du croisement de races.
Ce choix avait pour motivation d’obtenir des animaux plus légers pour pâturer plus longtemps, qui nécessitent moins de besoin d’entretien corporel et qui soient plus robustes, en meilleurs santé.
Ils définissent la vache idéale comme ceci :
La race Jersey a dominé le troupeau Néo-Zélandais jusqu'à la fin des années 1960.
En 1970, la Holstein-Friesian à pris une place dominante suite au changement de pratiques de gestion des exploitations. De plus, les éleveurs ont commencé à élever plus de veaux laitiers pour la viande bovine et ont introduit des croisements avec de la Hereford.
En 2018, la KiwiCross®, croisement de la Holstein-Friesian par la Jersey détient presque 50% du cheptel Néo-Zélandais, suivi par la Holstein-Friesian à 33%.
La montée des vaches croisées KiwiCross® a été rapide car les éleveurs lui reconnaissent de la facilité de management et des performances économiques améliorées par l’effet d’hétérosis du mérite génétique des races qui la composent.
Arrivée en Nouvelle-Zélande en 1884, elle a subi dès lors les programmes génétiques pour en faire une vache efficiente sur une nourriture d’herbe pâturée.
C’est une grande vache à haut rendement laitier. Son lait contient des concentrations élevées de protéines et de lactose.
Également présente depuis le 19ème siècle, les vaches Jersey sont plus petites. Elles ont un rendement laitier inférieur mais ont une concentration plus élevée en matière grasse et protéique dans leur lait.
Elle produit en moyenne en Nouvelle-Zélande, 1 kilogramme de matière utile par kilo de poids vif.
Croisement des deux races précédentes, elle est un animal intermédiaire.
De taille moyenne avec un volume de lait plus élevé que la Jersey, elle produit une quantité de matière utile intermédiaire entre les deux races.
De plus, elle jouit d’un effet d’hétérosis considérable.
Source Si les taureaux KiwiCross® devenaient validés en France, l’organisation des plans d’accouplement se verrait nom d'hétérosis et est une mesure de performances supérieures.
Le croisement d'animaux de race pure différentes donne toujours un effet d’hétérosis de 100%, mais cela ne se traduit pas toujours par le même avantage selon les types de croisements. Plus les deux races seront génétiquement éloignées, plus grand sera l’apport de l’effet d’hétérosis.
Vous avez la possibilité de lire l’article de Laëtitia GOMES DA SILVA sur l’effet d’hétérosis et héritabilité pour de plus amples informations.
Les Néo-Zélandais ont mesuré l’impact de l’effet d’hétérosis sur le croisement de la Holstein-Friesian avec la Jersey :
Tableau 1: Pourcentage d'amélioration des performances des premières vaches Holstein-Friesian x Jersey en Nouvelle-Zélande par l’effet d’hétérosis.
De Bill Montgomerie NZAEL, publication Crosses and Ticks
Caractéristiques | Impact de l’effet d’hétérosis |
---|---|
Matière grasse | +4.7% |
Protéine | +4.6% |
Volume de lait | +4.2% |
Poids vif | +2.1% |
Fertilité* | +5.2% |
Cellules somatiques | -4.1% (favorable) |
Durée de vie | +13.5% |
() L’indice fertilité est exprimé en NZ par le nombre de vaches ayant vêlée dans la période prévue de vêlage (vêlages groupés)*
Les effets de l’hétérosis quantifiés en Nouvelle-Zélande et ont aussi été comparés dans trois croisements différents :
Tableau 2: Valeurs estimées de l'hétérosis pour 3 croisements F1 différents (Holstein-Friesian, Jersey et Ayrshire)
Caractères | HF x Jer | HF x Ayr | Jer x Ayr |
---|---|---|---|
Protéine (kg) | 8.0 | 4.5 | 8.1 |
Matière grasse (kg) | 11.3 | 6.2 | 11.8 |
Volume (litre) | 169 | 104 | 184 |
Poids vif (kg) | 10.7 | 6.6 | 10.3 |
Cellules somatiques | -0.04 | -0.03 | -0.05 |
PW ($) | 53.81 | 27.89 | 55.73 |
La Holstein-Friesian et la Ayrshire sont plus étroitement liées génétiquement que la Jersey.
L’impact de l’effet d’hétérosis est donc moins important sur un croisement Holstein-Friesian avec Ayrshire que les croisements Holstein-Friesian avec Jersey ou Jersey avec Ayrshire.
L’effet d’hétérosis est plus fort lors du premier croisement entre races pures.
Après cela, l’effet s’affaiblit mais reste important.
En partant du premier croisement de la Holstein-Friesian avec la Jersey, on obtient une première génération F8/J8 (Holstein-Friesian 8 parts / Jersey 8 parts pour un total de 16 parts)
Lorsque l’on désire aborder les croisements en deuxième génération (et les suivantes), il est important de connaître l’impact de l’effet d’hétérosis des accouplements d’animaux déjà croisés.
Le tableau 3 : Impact de l’effet d’hétérosis par solution de croisement
Mère F16/J0 | Mère F12/J4 | Mère F8/J8 | Mère F4/J12 | Mère F0/J16 | |
---|---|---|---|---|---|
Père F0/J16 | 100 | 75 | 50 | 25 | 0 |
Père F4/J12 | 75 | 63 | 50 | 38 | 25 |
Père F8/J8 | 50 | 50 | 50 | 50 | 50 |
Père F12/J4 | 25 | 38 | 50 | 63 | 75 |
Père F16/J0 | 0 | 25 | 50 | 75 | 100 |
Le premier animal issu d’un croisement de parents de race pure a tendance à être d’aspect physiquement uniforme.
Un animal F1 croisé Holstein-Friesian par Jersey dispose presque invariablement d’une robe de couleur noire unie et est relativement uniforme.
Cependant, lorsqu'un un animal issu de premier croisement est accouplé à un autre animal issu de même croisement, les gènes sont encore mélangés, entraînant une plus grande variation dans la descendance.
Les animaux ont une plus grande variation de couleur de pelage et des différences de taille et de production apparaissent.
Les éleveurs Néo-Zélandais ont développé très fortement le croisement de race, et plus particulièrement à partir de 1995. La vache KiwiCross® y est très populaire, comme le montre le graphique ci-dessous
La Nouvelle-Zélande dispose de l’avantage de l’utilisation de semences de taureaux KiwiCross®.
Environ la moitié des vaches croisées sont engendrées par des taureaux croisés KiwiCross®.
Le croisement de la Holstein-Friesian par la Jersey produit en Nouvelle-Zélande des vaches laitières capablent de produire un lait riche en matières utiles avec des charges d’alimentation très peu coûteuses.
Les animaux qui en sont issus sont robustes, fertiles et peuvent marcher sur de grandes distances pour rejoindre les pâtures.
L’effet d’hétérosis est maintenu dans les troupeaux afin de profiter au maximum du “plus” qu’il apporte dans les résultats économiques.
Le deuxième article de ce sujet abordera des plans d’accouplements concrets afin d’obtenir le même type d’animaux qu’en Nouvelle-Zélande, à partir d’un troupeau laitier d’Europe.
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